I. Contexte et justification

L’histoire nous révèle que le processus de développement du Tchad a démarré dès les conquêtes coloniales avec l’introduction d’une forme d’organisation administrative de type bureaucratique, économique liée au marché mondial, à cause, principalement de la production cotonnière, et organisation sociale de type rationnel légal. Cette nouvelle forme d’organisation devait conduire le Tchad de son état traditionnel vers son décollage socio-économique.

A cet effet, plusieurs programmes de développement ont été initiés par les dirigeants. Il y avait les projets gouvernementaux et les projets non gouvernementaux. Parmi les programmes gouvernementaux de développement, on peut citer « le Plan intérimaire couvrant la période de 1964 à 1965, le Plan quinquennal 1966 à 1970, le Plan décennal 1971 à 1980, etc. » (T&C N°334). Ces programmes gouvernementaux englobent les catégories de projets : les projets d’étude ou de recherche, les projets institutionnels ou d’assistance technique, les projets de formation, les projets de réhabilitation, les projets de construction, les projets d’achat et d’équipement et les projets intégrés. Ces préoccupation sont été identifiées à l’échelle nationale et matérialisées par des projets locaux et régionaux qui concernent généralement la santé, l’éducation, l’environnement ou la production agricole…sans l’implication (information, consultation, concertation, collaboration ou codécision)des bénéficiaires dans le processus de leur élaboration. Conséquences, les objectifs de tous ces projets n’ont pas répondus au besoin réel des bénéficiaires car l’atteinte des objectifs des projets dépend de la bonne gouvernance des ressources identifiées (humaines, matérielles, équipements, matières premières, informationnelles et financières) et mobilisées durant les réalisations.

L’ère de la démocratie a semblé apporter un vent nouveau pour le développement du Tchad. La Conférence Nationale Souveraine (CNS) tenue à N’djaména du 15 Janvier au 7 Avril 1993, et ayant réuni les partis politiques, les associations de la société civile, les corps de l’Etat, les autorités traditionnelles et religieuses, les représentants du monde rural et les personnalités ressources a fait évoluer le système d’organisation administrative du territoire vers la décentralisation administrative et institutionnelle.

Avec cette nouvelle forme d’organisation administrative, les autorités du Tchad ont voulu placé dans leur programme politique, la recherche de solutions aux problèmes de la pauvreté par la responsabilisation des citoyens dans la gestion des ressources de leurs régions de résidence. Ainsi, les collectivités territoriales décentralisées que sont les communautés rurales, les communes, les départements et les régions assureront dans les limites de leur ressort territorial et avec le concours de l’Etat : la sécurité publique ; l’administration et l’aménagement du territoire ; le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique ; la protection de l’environnement.

C’est ainsi que, déjà, en janvier 1994, après la dévaluation du franc CFA, le Tchad a adopté la Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé (FASR) qui a couvert la période 1995-1998. Cette stratégie avait pour objectif de lutter contre la pauvreté et impulser un développement socio-économique durable (T&C N°334, 2015).

Cependant, dans le cadre de l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), les bailleurs ont convenu d’appuyer les efforts du Gouvernement. Mais, leurs discours ont été beaucoup plus centrés sur la promotion de la ‘’bonne gouvernance’’ car pour eux, «la bonne gouvernance aide à renforcer la démocratie et les droits de l’homme, à promouvoir la prospérité économique et la cohésion sociale, à réduire la pauvreté, à soutenir la protection de l’environnement et l’utilisation durable de ressources naturelles, et à renforcer la confiance publique dans l’action et l’administration de l’Etat ».

Dans cette perspective, pour répondre aux exigences des partenaires financiers, les autorités ont pris des initiatives d’impliquer les organisations de la société civile dans l’élaboration, le suivi de la mise en œuvre des politiques de développement. En outre, ils ont pris des mesures pour assainir les finances publiques. Par exemple, la loi N°004/PR/2000 du 16 février 2000 portant répression des détournements des biens publics, de la corruption, de la concussion, des trafics d’influence et des infractions assimilées ; la création du Collège de Contrôle et de Surveillance des Revenus pétroliers (CCSRP) et du ministère de la moralisation.

Toutes ces initiatives du gouvernement tchadien de mettre en œuvre une politique de solidarité nationale garantissant un minimum de dignité à la population était très louable et a rencontré l’adhésion et le soutien des pays amis et partenaires de développement dont l’UE.

Le Centre d’Etude et de Formation pour le Développement (Cefod), association de droit tchadien, a joué un rôle déterminant dans le processus de développement du Tchad. Dès sa création, le CEFOD s’est fixé comme objectif d’accompagner les cadres Tchadiens dans les actions de développement du pays nouvellement indépendant en leur fournissant les approches théoriques et les outils pratiques appropriés nécessaires à leurs actions. Cette action du Cefod s’est étendue à divers domaines dont la formation, la mise à disposition d’une documentation et de l’information, etc. Ce champ d’action s’est élargi avec le temps pour tenir compte des nouveaux défis auxquels le pays fait face.

C’est ainsi que depuis 1990, le Cefod accompagne le processus de démocratisation du pays en mettant à la disposition des citoyens tchadiens des cadres de débat, des formations et informations, des fascicules de vulgarisation des notions et principes essentiels liés à la démocratie, etc.

En 2010, une nouvelle réflexion a conduit à une redéfinition de la vision, de la mission et des valeurs que le CEFOD porte et qu’il souhaite partager avec ses partenaires. L’institution a redéfini sa mission qui est aujourd’hui celle de : «produire et de disséminer des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire nécessaires à l’ensemble des acteurs sociaux individuels et collectifs pour assurer le développement social et économique du Tchad et de ses habitants».

Ainsi, dans la perspective de contribuer à la promotion de la bonne gouvernance, le CEFOD entend organiser à travers le projet Action Gouvernance Inclusive au Tchad sous le haut parrainage du Ministre de l’Economie et de la Planification du Développement, un colloque sur « les politiques publiques et participation citoyenne». Ces assises verront la participation des cadres et experts aux profils variés pour partager leurs expériences sur la thématique.

[1]Assah N’détibaye et Sougnabé Pabamé, conférence débat du CEFOD (Août 2003)

II. Objectifs du colloque

Faire l’état des lieux de la participation citoyenne aux politiques publiques au Tchad en donnant l’occasion aux acteurs étatiques et non-étatiques  (professionnels et universitaires) d’échanger sur la question, de partager  les expériences pour dégager des pistes de solutions pour une gestion plus inclusive des politiques publiques.

  • L’état des lieux de la participation au cycle des politiques publiques est fait ;
  • Des pistes de solutions permettant une meilleure participation aux politiques publiques aux niveaux local et national sont dégagées ;
  • Des initiatives futures en matière de politique publique et de participation citoyenne sont mieux orientées.
IV. Dates

Le colloque se déroulera du 26 au 27 septembre dans la salle multimédia du CEFOD

V. Participants

50 personnes cadres de l’administration publique, de la société civile, des universités tchadiennes, des partenaires techniques et financiers.