Plus de sept jours après l’incursion de l’Ukraine dans la région russe de Koursk, l’armée ukrainienne continue sa progression. Au moins 74 localités russes restent occupées par les militaires ukrainiens, épaulés dans cette opération par biélorusses.
L’incursion en date du 6 août dernier a surpris plus uns, non seulement Moscou, mais aussi d’autres capitales occidentales considérées à tort ou à raison d’alliées de l’Ukraine. Cette opération que l’armée russe tente de repousser, s’étend désormais sur une zone de « 12 kilomètres de profondeur et 40 kilomètres de largueur ». Le bilan fait état d’au moins 12 civils tués, 121 blessés dont « dix enfants » et au moins 121.000 personnes évacuées. Mais derrière les affrontements « fratricides », se dresse aussi une guerre de communication et chaque partie évoque ses chiffres. Alors que l’armée ukrainienne, annonçait avoir contrôlé environ 1000 km2 du territoire russe dans la région frontalière de Koursk, les troupes évoquent de leur côté 800 km2. Le déclenchement de l’incursion ukrainienne sur le sol russe a en sus provoqué de part et d’autre une intensification des bombardements. Depuis le 6 août, des territoires de l’Ukraine frontaliers de la Russie essuient une salve de bombardements. Le ministère de la défense russe a attesté sur Telegram que ses forces avaient intercepté 117 drones et quatre missiles lancés par l’Ukraine dans la nuit en direction de plusieurs régions russes. « Il n’y a pas eu de victime », note Alexandre Goussev.
Sur le front, la Russie commencerait à redéployer ses troupes vers cette région de Koursk, cible de l’incursion ukrainienne. « La Russie a déplacé certaines de ses unités des régions de Zaporijia et de Kherson dans le sud de l’Ukraine », précise Dmytro Lykhovy, porte-parole de l’armée ukrainienne, sans donner des chiffres précises. Dans son allocation quotidienne, le président ukrainien a informé ce mardi 13 août que de centaines de soldats russes « se sont déjà rendus » et assure par ailleurs « tous recevront un traitement humain ». « Ils n’ont pas subi un tel traitement même dans leur propre armée russe », a renchéri Volodymyr Zelensky.
Sur X, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, a « réitéré » ce mardi le soutien de l’Union européenne (UE) aux Ukrainiens. Le président américain Joe Biden a estimé que l’offensive ukrainienne en Russie met Vladimir Poutine devant « un vrai dilemme » et assuré que les Etats-Unis étaient « en communication constante avec les Ukrainiens ». Pour la diplomatie russe, cette incursion ukrainienne touche la question des pourparlers de paix. « Tout le monde comprend qu’en menant des activités terroristes dans la région de Koursk, l’Ukraine a, à tout le moins, suspendu à long terme la question des pourparlers de paix. Il n’est pas très logique, à ce stade, d’entamer des pourparlers avec un adversaire absolument délirant. C’est ce qu’a dit le président [russe]. La question de savoir avec qui nous négocions reste donc d’actualité », réagi Rodion Miroshnik, diplomate au ministère des affaires étrangères russe.
Face à cette incursion inédite, les autorités locales russes déclarent l’état d’urgence dans la région russe de Belgorod. « La situation dans notre région de Belgorod reste extrêmement difficile et tendue en raison des bombardements des forces armées ukrainiennes. Des maisons ont été détruites, des civils sont morts et ont été blessés. Afin d’assurer une protection accrue de la population et d’apporter un soutien supplémentaire aux victimes, l’état d’urgence sera instauré au niveau régional à partir de mercredi » a écrit le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov sur Telegram.
Mais cette incursion ne cesse de susciter d’interrogations. Pourquoi Kiev décide-t-elle de mener cette attaque à l’heure où ses troupes ne cessent de connaitre sur les fronts des revers ? Avec cette incursion, les chances de pourparlers pour une sortie de crise ne se seraient-elles pas amoindries ?
Stanyslas Asnan