Dans sa dernière note sur la situation économique du Tchad, la Banque mondiale révèle que malgré les retombées sur le commerce, les dépenses publiques et l’inflation, l’économie tchadienne résiste à la guerre au Soudan. Le document montre aussi que l’inflation a diminué pour revenir à 4,1 % en 2023, idem pour le taux de pauvreté extrême diminue de 1,1 point pour atteindre 29,7 % en 2023.

C’est un rapport qui présente une vue panoramique de la situation économique du pays. Dans le premier chapitre présentant l’évolution de l’économie et de la pauvreté, la Banque Mondiale informe qu’en dépit des retombées sur le commerce, les dépenses publiques et l’inflation, l’économie tchadienne a bien résisté à la guerre au Soudan. « La croissance du PIB en 2023 est estimée à 4,1 % (1 % par habitant). Elle est soutenue par la production pétrolière, dont la croissance est estimée à 4,4 %. Celle du PIB non pétrolier est évaluée à   4,1 %, contre 2 % l’année précédente, grâce à l’investissement public », précise cette note. L’on note dans ce rapport la chute de l’investissement privé à cause de la hausse des taux d’intérêt et des effets d’éviction. « L’inflation a diminué pour revenir à 4,1 % en 2023, en raison de l’effet de base de la forte inflation en 2022 et de la décélération de l’inflation alimentaire résultant de l’amélioration de la production agricole », indique la note.

Diminution du taux de pauvreté extrême

Dans ce rapport, la Banque Mondiale révèle que le « taux de pauvreté extrême au Tchad est estimé avoir diminué de 1,1 point pour atteindre 29,7 % en 2023 ». Malgré cela, « 5,4 millions » des Tchadiens continuent de vivre dans l’extrême pauvreté. « L’insécurité alimentaire reste un problème important malgré la baisse de l’inflation alimentaire, avec environ 2,1 millions de personnes, soit 11,5 % de la population, confrontées à une insécurité alimentaire grave en décembre 2023 », précise le rapport. Cette situation, combinée à une faible couverture de la protection sociale, limitera d’après la Banque mondiale « la réduction de la pauvreté ». Ce qui fait que la « pauvreté extrême devrait augmenter de 0,4 point en 2024, ce qui équivaut à 237 000 personnes supplémentaires tombant dans la pauvreté extrême ». Par ailleurs, renchérit ce rapport, le pays a enregistré un excédent budgétaire de 1,3 % du PIB en 2023, en baisse par rapport à l’excédent de 5 % du PIB de 2022, en raison de la croissance de l’investissement public. Aussi, la dette publique totale aurait baissé à 44,8 % du PIB en 2023, contre 47,4 % en 2022.  « En 2024, la croissance économique devrait tomber à 2,7 % (-0,4 % par habitant) en raison de la réduction prévue de la production pétrolière et des investissements publics », note le document qui prévoit une croissance en moyenne de 3,1 % (0,1 % par habitant), au cours de la période 2025-2026, avec notamment la mise en service de nouveaux gisements de pétrole.

Dans le second chapitre de ce rapport intitulé « accueillir les réfugiés de manière inclusive », la Banque Mondiale démontre que les déplacements forcés dus aux conflits en cours ont exacerbé les mouvements transfrontaliers à travers le Sahel, conduisant ainsi à l’établissement de colonies de réfugiés à long terme au Tchad. « La crise soudanaise, qui a débuté en avril 2023, a considérablement augmenté la population de réfugiés au Tchad. En décembre 2023, le Tchad comptait 1,1 million de réfugiés et de demandeurs d’asile », précise le rapport. La Banque Mondiale évoque la position ouverte des autorités tchadiennes en ce qui concerne l’accueil des réfugiés. Elle cite le « système national de protection sociale qui favorise l’inclusion économique doit être adaptable, productif et adapté aux spécificités des réfugiés et des communautés d’accueil, avec une attention particulière pour les femmes » et « l’intégration des réfugiés dans les systèmes nationaux et dans l’économie nécessite un financement prévisible, récurrent et durable de la part des donateurs ».

La note sur la situation économique du Tchad est une série de rapports annuels de la Banque mondiale qui évalue les développements économiques et sociaux récents et les perspectives au Tchad.

Stanyslas Asnan